samedi 25 juin 2011

Lost in the Jungle : El Mirador

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Une rue de Flores le matin

Voici une expérience qu'il n'est pas possible de vivre partout. Je quittais le Belize, après avoir passé quelques jours sur Caye Caulker, pour rejoindre Flores. Flores, capitale du Petén au Guatemala, est une petite ville construite sur une île du lac Petén. Le Péten a connu quelques troubles ces dernières semaines. A Flores a eu lieu un massacre dû au trafic de drogues. Ces évènements, étant passés, je jugeais la situation suffisamment sûre pour m'aventurer dans ces contrées.

Dans mon auberge de jeunesse, je vis une affiche ventant la beauté et l'aventure d'un trek de 5 jours pour rejoindre El Mirador, la plus grande pyramide Maya...Ni une, ni deux, je bouclais ce trip pour le lendemain matin 4 heures et préparais tranquillement le voyage. Anti-moustique, imperméable, papier toilette, brosse à dent et en route pour l'aventure.

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On marche depuis deux heures et nous découvrons notre premier sandwich thon, fromage mayonnaise
Le matin, je retrouvais dans le mini bus le groupe avec qui j'allais passé les cinq prochains jours. Trois québécois, deux lyonnais, un américain et un guatémaltèque. Malheureusement pour ces deux derniers le français fût la langue officielle de l'expédition. Après trois heures de routes chahuteuses en direction de la jungle, nous prenions un petit déjeuner à Carmelita avant d'attaquer la première journée de marche. Tour de table pour se présenter, le courant passait bien et la randonnée s'annonçait agréable. Les mules étant prêtes, nous commencions à marcher, frais, propres comme des sous neuf et bien odorant...5 heures et 30 kilomètres plus loin, après avoir marché dans la boue, après avoir servi de petit déjeuner à tous les moustiques de la jungle et après la grosse vague de chaleur du début d'après midi, nous arrivions au premier camp. Fourbu mais heureux, nous appréciâmes le premier couché de soleil à Tintal. De là, le guide nous montra notre prochain objectif. Juste à la frontière de ce que l’œil peut distinguer au loin, nous apercevions un monticule : le temple de la Denta (le tapir), el Mirador. 34 kilomètres de marche à travers la jungle. Première animation du voyage, un serpent se laissa tomber du ciel pour attraper au sol une souris. Nous nous approchions pour mieux voir l'action, mais au bond que fit le guide lorsque le serpent bougea nous comprîmes qu'il était hors de question de se laisser mordre par la bête...Couchés à 8 heures après une soupe de riz, nous subissions toujours les attaques d'insectes. Pendant la nuit nous entendions au loin le cri des singes hurleurs qui ressemblent à celui d'un félin.
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Au couché du soleil les oiseaux et les singes commencent leur cacophonie
La deuxième journée de marche ressembla de près à la première. Il n'y a rien qui ressemble plus à un chemin dans la jungle, qu'un autre chemin dans la jungle. Nous apercevions de temps en temps quelques singes. Nous admirions l'arbre Amor qui s'enveloppe autour d'un autre arbre pour le dévorer. Dans l'après midi nous étions sur le site d'El Mirador. Ce jour là nous n'irons pas sur la plus grande pyramide la Denta qui se trouve à 45 minutes, mais sur une plus petite le Tigre pour profiter du coucher de soleil. Sur le lieux, il n'y avait pas grand chose à faire. Et le plaisir de gravir une pyramide maya pour voir le soleil mourir n'est pas aussi grand la seconde fois. Il s'agissait pourtant du 21 juin, premier jour de l'été qui revêt un sens secret pour les mayas. Un petit verre de rhum accompagna néanmoins la soirée. Vers les 8 heures nous nous allongions sur le sol pour observer un ciel étoilé grandiose dans lequel nous vîmes passer quelques étoiles filantes. Nous nous couchions ensuite assez tôt pour voir cette fois-ci le lever du soleil.
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Après deux jours de marches, nous voilà au sommet de la Denta
Le troisième jour, nous nous réveillions de bonne heure pour voir cette aurore vendue dans la brochure du haut de la pyramide du Tigre. Mais les nuages cachés l'horizon et nous ne pûmes voir le soleil que dans la matinée. Pendant ce temps, Samuel le guatémaltèque rencontrait un puma dont nous ne verrions jamais la couleur...Plus tard dans la matinée, nous allions sur la pyramide de la Denta  (on recherchait le long du chemin quelques champignons du cru pour le quatre-heures mais nous finîmes bredouilles). Grand monument de plusieurs étages, que les archéologues commencent à peine à dégager et sur lequel la jungle à encore prise. De ce fait même si la construction est titanesque, l'impression est toute relative... De retour au camp, et après avoir vu un petit tapir (denta), nous prîmes chacun la douche de notre vie. Après 3 jours de marche, l'eau fraîche et le savon furent une bénédiction et un réconfort énorme. Si elle avait pu s'accompagner d'une boisson fraîche nous aurions été les rois du monde. C'est le soir que ce trek pris un vrai goût d'aventure. 
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Un moustique de moins. Celui là ne nous piquera pas!
Nous avions assisté à notre troisième couché de soleil et redescendions sur le camp. Shaun, l'américain, était tout heureux de nous montrer sa découverte. Une tarentule toute velue à deux pas de notre camp. Celle-ci ne bougeait que faiblement les pattes car, comme il nous l'expliquait photos à l'appuie, la mortelle araignée s'était faite piquer par une guêpe (à défaut d'autre nom) noire et grosse comme mon doigt et elle l'avait ensuite trainée à travers le camp. Les guides l'avaient faite fuir. En tuant l'araignée la guêpe pompe le sang et le venin de l'araignée et par tropisme devient relativement dangereuse. C'est du moins ce que nos notions d'espagnol nous permirent de comprendre. Arriva alors l'évènement le plus fou du voyage...La guêpe revint sur sa proie, marchant sur le sol, elle s'approchait en cercle de plus en plus petit de l'araignée. Autour d'elle dix hommes l'observaient avec crainte. Alors qu'elle ne cherchait qu'à récupérer son trophée, le guide lui lança la première pierre...Par mimétisme, le reste du groupe (excepté les français) commencèrent à lancer des cailloux...Le spectacle était assez étonnant et je l'observais totalement subjugué. Les petites cailloux avait un effet plutôt ridicule, le plus proche dû tombé à 5 centimètres du monstre. S'en suivit une escalade d'ingéniosité pour tuer l'abonimable bête : après les cailloux on utilisa, des galets, puis des pierres et comme arrivé à ce point la bête n'avait toujours pas été touchée on en vient aux roches de 20 centimètres de diamètre. C'est là que la guêpe prit la mouche et nous montra qui était le chef de la jungle. En s'envolant gracieusement dans notre direction, elle fit reculer notre petite armée de cromagnon. Cependant de guerre lasse, elle prit la poudre d’escampette. Fière de nous, nous nous apprêtions à manger quand le guide appela à la rescousse. Un crotale se prélassait près du réservoir d'eau où nageait la petite tortue du camp (qu'est qu'elle faisait là l'histoire ne le dit pas). A pas de mouche, tous les locaux s'approchèrent prudemment pour encercler le serpent, dont la morsure est mortelle et pour laquelle le remède le plus sûr dans la jungle est l'amputation. Ainsi commença la deuxième bataille de la soirée. Le premier coup de sabre à canne rata sa cible et le crotale en profita pour s'enfuir sous le réservoir d'eau. Les forces alliées, qui venait de recevoir les renforts d'autres guides, commencèrent à démonter les abords du réservoir pour le retrouver. Il se trouva que le serpent avait découvert un trou qui lui permis d'accéder à la cabane. Tout le monde se retrouva à l'intérieur et on finit par abattre le serpent d'une dizaine de coups de sabres. Tout le monde en fût soulagé et on commença à se relaxer. C'est à ce moment que la guêpe décida de refaire surface. Mais cette fois-ci notre guide n'avait pas envie de plaisanter et il s'en débarrassa définitivement d'un coup de machette...Pendant le repas nous n'étions pas bien rassurés. Le remue-ménage qu'avait fait les locaux nous prouvait à quel point la nature pouvait être dangereuse ici. Le cri du paon nous fit plusieurs fois sursauter...et nous frissonnions rien que de penser à la veille au soir où nous étions restés allongés une heures dans le terrain vague à admirer les étoiles. Cette nuit fût chaude et les taons, les moustiques et les moucherons vampires vengèrent assidument les leurs.
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Nous avons dû marcher à travers ce marécage infesté de moustiques
La marche retour fût plutôt rapide et sans trop d'évènements marquants. L'eau des bidons avait pris un goût de savon et nous écœurait (au sens français tabernak) profondément. Nous repassions à travers les plans d'eau marécageux que nous avions traversé à l'allée et nous ne reconnûmes à peine le chemin tant la jungle est répétitive. Je pris le temps d'admirer seul le coucher de soleil à Tintal en écoutant quelques morceaux des Pink Floyd qui se prêtait parfaitement à l'atmosphère de la jungle. Nous rîmes de bon cœur quand nous croisâmes des trekkeurs tout frais, propre et sentant bon le savon commencer leur aventure pour El Mirador. D'autant plus que nous avions eu la chance de ne pas voir une seule goutte de pluie des cinq jours, celle-ci ne reprit que lorsque nous fûmes assis dans la camionnette (paix à leurs âmes).
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Il pleut sur Flores, content de ne pas être dans la jungle par ce temps...
L'aventure était presque finie quand nous arrivâmes au pueblo où nous dégustions avec un plaisir non feint un refresco et quelques bières. Nous en avions rêvé dès le premier soir et ce fût le meilleur coca de toute ma vie. Nous croyions rentrer sur Flores dans les trois heures mais c'était sans compter sur les évènements et notre chauffeur. Pendant les cinq jours de trek, un autre massacre avait eu lieu et notre cuisinière apprit à son retour que ses cousins avait été décapités, nous passâmes quelques instants à l’enterrement pour rendre hommage. Je ne sais toujours pas si il y avait un rapport avec la suite mais le guide décida qu'il fallait boire pour fêter notre retour et nous nous arrêtâmes à chaque tienda entre Carmielita et Flores...Conducteur, guide et trekkeurs nous finissions à Flores, six heures plus tard, fin éméchés (et absolument saoul pour le guide). Ce n'était que le début puisque les canadiens souhaitaient fêter convenablement la Saint Jean dans une grand maelström d'alcool. Levés depuis 5 heures du matin, nous ne nous couchâmes pas tard. Après tout ces évènements les quelques moustiques de Flores ne m’empêchèrent pas de passer l'une des meilleures nuit depuis longtemps

Le reste des photos juste ici


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